Près d'un an après le début de la mise en œuvre du programme Systèmes alimentaires résilients, les différents partenaires et les représentants pays se sont réunis pour examiner les progrès enregistrés et planifier la 2e année du programme.
Le Fonds pour l'environnement mondial(FEM) a lancé, en 2017, un programme pour une approche intégrée pour la promotion de la pérennité et la résilience de la sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne, également intitulé programme pour des systèmes alimentaires résilients, qui est une grande initiative regroupant un ensemble d'organisations et de gouvernements pour améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans 12 pays africains.
Cette approche innovante permet d'intensifier des pratiques avérées pour améliorer la résilience de la sécurité alimentaire et générer de multiples avantages pour l'environnement mondial. Elle va au-delà des sentiers battus de l'aide au développement car elle encourage la gestion intégrée des ressources naturelles dans l'agriculture à petite échelle, tout en aidant les petits exploitants agricoles à renforcer la santé des sols, améliorer l'accès aux semences résistantes à la sécheresse, ajuster les périodes de plantation et les portefeuilles de culture et améliorer la biodiversité agricole dans les fermes.
Près d'un an après le début de la mise en œuvre du programme plus d'une centaine d'experts, composée de partenaires techniques et de représentants des projets se sont réunis à Nairobi au Kenya pour examiner les progrès enregistrés et planifier la 2e année du programme, tout en mettant l'accent sur les domaines prioritaires, tels que mesurer l'impact. Figurait également à cette rencontre un groupe de participants en provenance de 15 pays africains sans implication directe dans le projet mais désireux de mieux comprendre l'approche intégrée et la façon dont les pays impliqués en bénéficient. Tour à tour, les participants au programme et les conférenciers invités ont mis en relief la contribution de ce projet au développement rural et aux aspirations du continent.
Selon Elvis Paul Tangem, coordinateur de l'initiative Grande muraille verte à la commission de l'Union africaine, ce programme contribue à la réalisation d'initiatives régionales telles que l'Agenda 2063, la Déclaration de Malabo et le Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine du NEPAD. En un mot, il contribue à transformer le secteur agricole et améliorer la sécurité alimentaire en Afrique. De plus, a-t-il ajouté, le secteur agricole en Afrique est confronté à de nombreux défis, comme le manque de données cohérentes et de qualité, sans oublier que les décideurs et les organismes de développement ont tendance à travailler en vase clos, sans véritable collaboration. Il a ensuite appelé à la mise en place d'une interface Sciences-Politiques plus robuste, ce à quoi travaille le programme, pour parvenir à la réalisation des ces initiatives ambitieuses.
S'exprimant au nom de M Keriako Tobico, secrétaire général au Ministère de l'environnement et des forêts du Kenya, M. Mohammed Elmi, secrétaire administratif en chef au sein dudit ministère à souligné l'importance de la gestion durable des écosystèmes pour améliorer la sécurité alimentaire. Il a rappelé le rôle du projet RFS Kenya dénommé Fonds pour l'eau dans le Haut Tana de Nairobi dans le processus de réhabilitation et de protection de certains des principaux châteaux d'eau du pays.
Phase pratique
Les participants ont pu visiter certains sites du projet Fonds pour l'eau dans le Haut Tana de Nairobi. Ce fut pour eux l'occasion de discuter avec les partenaires et les fermiers. Piloté par l'organisation The Nature Conservancy, ce projet améliore la qualité de l'eau pour des millions de consommateurs aussi bien au niveau du bassin-versant que dans la capitale du pays, Nairobi. Par exemple, ce projet contribue à la réduction des sédiments qui se déversent dans le barrage électrique de Masinga, tout en améliorant le bien-être des agriculteurs au niveau du bassin-versant grâce à l'agroforesterie, la collecte des eaux et la lutte contre l'érosion des sols.
Basé dans le county de Muranga, Julius, âgé de 53 ans s'est reconverti en fermier à plein temps en 2004 après avoir abandonné son boulot de vigile. Il produit aujourd'hui des bananes, des marantes, des tomates et occasionnellement du maïs et du haricot sur sa parcelle de 0,6 hectare. Bien qu'il ait accès à deux barrages, il a néanmoins décidé de recueillir de l'eau de pluie. Lorsque la route adjacente à sa ferme était en construction, il s'est rendu compte qu'il pouvait recueillir de l'eau de pluie et en stocker pour garantir qu'il ait toujours suffisamment d'eau pour ses plantes, même en saison sèche. Julius encourage aujourd'hui ses voisins à faire de même afin d'accroître leur production. Il a bon espoir de voir ses revenus augmenter, ce qui lui permettra d'acquérir une plus grande parcelle de terre.
Apprentissage entre les pairs et l'approche Hub : Pour resserrer les liens entre les agences partenaires et les pays bénéficiaires
de nombreuses opportunités ont été offertes aux équipes pays pour partager connaissances et expériences entre eux et avec les partenaires techniques tout au long des visites de terrain et pendant les travaux de groupe. Au programme de la réunion étaient inscrites des sessions entièrement dédiées aux paiements et diverses primes en faveur des services écosystémiques et pour la visualisation des données permettant le suivi de l'impact des projets.
“Nous avons ouvert une lucarne de plus où les
représentants des pays bénéficiaires et les agences partenaires peuvent discuter
entre eux. Les projets pays respectent le principe de projet par projet établi
par le FEM, puis le projet du Hub fédère les différents pays et leur permet
d'apprendre les uns des autres, de se parler, et de former un seul groupe,
capable d'explorer ce qui se fait ailleurs sur le continent. En procédant
ainsi, la transformation environnementale que nous désirons est analysée dans
un contexte bien plus grand, celui de la transformation agricole en
Afrique" a déclaré M Mohamed Bakarr expert en chef de l'environnement au
FEM.
Faire le suivi de l'impact
les participants ont pu découvrir un ensemble d'outils leur permettant de faire le suivi de la résilience dans le cadre du programme RFS. Il s'agit notamment de l'outil d'évaluation multidimensionnelle de la pauvreté (MPAT), et l'indice d'autonomisation des femmes dans l'agriculture (IAFA) Résilience Atlas; Vital Signs; le cadre Résilience, voies d'adaptation et évaluation des transformations (RAPTA); Schéma holistique pour l'auto-évaluation paysanne de la résilience climatique (SHARP); Outil d'évaluation de la diversité en faveur de l'agrobiodiversité et de la résilience (DATAR); Observation de la terre au service du développement durable (EO4SD) et le Cadre de surveillance de la dégradation des terres (LDSF). Par ailleurs, ils ont discuté de plusieurs autres indicateurs permettant d'améliorer le suivi et l'évaluation des différents aspects de la résilience de la sécurité alimentaire au niveau régional.
“Les outils de suivi et évaluation pertinents pour ce
projet ont été tous bien présentés" a affirmé Bryson Msiska, représentant
du Programme pour le développement de l'irrigation en milieu rural, au Malawi.
"La séance de réseautage avec les fournisseurs de ces outils a
probablement été la meilleure session de toutes, pour moi.”
Suivi et intégration des questions sexo-spécifiques
le FEM a publié sa nouvelle politique sur l'égalité entre les sexes dans laquelle il souligne que les inégalités basées sur le genre et l'exclusion sociale aggravent les effets négatifs de la dégradation de l'environnement sur les femmes et les filles. Ana Maeria Paez Valencia du Centre international pour la recherche en agroforesterie (ICRAF) et Ilaria Firmian du Fonds international de développement agricole (FIDA) ont présenté les directives pour un suivi efficace des résultats en matière de genre et d'intégration dans l'ensemble du programme approche intégrée. Fait nouveau dans la politique du FEM sur le genre, qui entrera en vigueur en juillet 2018, une attention particulière est mise sur les résultats, y compris la nécessité de soumettre des rapports portant sur le genre aux niveaux des projets et des programmes.
“Je réalise grâce à cette rencontre l'importance de l'intégration du genre, ce qui me conforte dans l'idée que personne ne peut remporter une course en courant avec une seule jambe" a déclaré madame Hajia Salamatu Garba, fondatrice de Women Farmers Advancement Network du Nigéria. "Par conséquent, l'inclusion doit faire partie de ce projet afin de réaliser les résultats escomptés vu qu'ils s'imbriquent dans les objectifs de développement durable respectifs.”
Quelques impressions après la réunion
"Au cours des débats en petits groupes, j'ai pu constaté que les plusieurs projets ont un potentiel commun vu qu'ils visent tous des résultats communs axés sur des avantages sociaux et économiques : l'amélioration des moyens de subsistance et de l'environnement" a révélé Lynn Kota de eSwatini).
"Certes il y a des défis, mais notre objectif est de concevoir des modèles d'affaire capables de générer des revenus, d'être inclusifs, résilients et respectueux de l'environnement", Tomas Sales, directeur de African Facility for Inclusive Markets au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). "c'est l'affaire du 21ème siècle pour l'Afrique".
“Ce programme est une opportunité de démontrer une approche intégrée à la sécurité alimentaire tout en préservant l'environnement" - Eric Patrick, spécialiste de l'adaptation au FIDA. Il a félicité les participants pour le grand intérêt manifesté et les interactions, leur empressement à appliquer les connaissances acquises et la volonté d'apprendre les uns des autres.
Ressources supplémentaires:
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