La Formation à la permaculture apporte de la diversité aux systèmes alimentaires des petits exploitants d'Eswatini


Bonelike Nkumane a commencé son jardin de permaculture en 2018 après avoir été sélectionnée comme l'un des 400 petits exploitants agricoles éligibles pour recevoir une formation du projet RFS Eswatini en permaculture et en agriculture de conservation. Deux ans plus tard, le jardin de Bonelike est une source continue d'aliments riches et variés pour sa famille et les autres membres de sa communauté.

Debout dans son potager, Bonelike Nkumane rayonne de fierté. En adoptant les principes de la  permaculture, elle a réussi à transformer sa parcelle en une oasis de production alimentaire autonome et écologique.

"La permaculture consiste à contrôler et à gérer la biodiversité de l'écosystème naturel. Ce qui est bien avec la permaculture, c'est qu'elle peut être pratiquée partout dans le pays, aussi bien dans les zones sèches que dans les zones humides", explique Bonelike à l'équipe du projet RFS.

La permaculture est une pratique agricole régénérative qui crée des jardins de production alimentaire qui deviennent aussi des habitats auto-entretenus. En modélisant les parcelles agricoles en fonction des écosystèmes naturels, il est possible d'obtenir de la terre qu’elle produise davantage avec moins d'intrants. La permaculture est un processus qui fonctionne avec, plutôt que contre, la nature.

Le projet RFS Eswatini, Climate-Smart Agriculture for Climate-Resilient Livelihoods (CSARL), porte sur 200 hectares de terres agricoles dans tout le pays et bénéficie à plus de 15 000 foyers. L'objectif du projet est de mieux pourvoir les petits agriculteurs, comme Bonelike, des compétences agricoles nécessaires pour accroitre leur propre sécurité alimentaire et nutritionnelle. Pour ce faire, l'accent est mis sur les pratiques agricoles résistantes au changement climatique et les techniques de permaculture.


Le potager de permaculture de Bonelike Nkumane est rempli de choux bio, piments, poivrons, betteraves, laitues, tomates, fraises et fines herbes.
Le potager de permaculture de Bonelike Nkumane est rempli de choux bio, piments, poivrons, betteraves, laitues, tomates, fraises et fines herbes.

Bonelike vient de Magele, dans la banlieue de Hlathikhulu, dans la région de Shiselweni, et a commencé la permaculture en 2018. Elle est l'une des nombreux petits agriculteurs à qui l'on a enseigné les techniques de permaculture et qui ont été formés à l'agriculture de conservation dans le cadre du projet RFS eSwatini. La formation a été proposée principalement aux agricultrices qui ont montré un intérêt marqué pour la production de légumes. L'objectif principal était de fournir à ces femmes la formation et les outils nécessaires pour devenir autonomes en produisant suffisamment de nourriture à manger et à vendre à d'autres voisins avec des bénéfices.

Les femmes comme Bonelike sont au centre de ce projet. Rendre les femmes autonomes grâce à une formation agricole ne fournit pas seulement de nouvelles sources de revenus mais profite également à l'alimentation du foyer. Grâce à une meilleure compréhension des techniques agricoles innovantes et à un potager productif dans leur propre cour, les familles ont un meilleur accès à des aliments sains et riches en nutriments.

"Nous les familiarisons d'abord avec la théorie de la permaculture, qui est une technologie innovante de l'agriculture de conservation", explique Sithembile Mtsetfwa, responsable du projet RFS eSwatini. "Ils font des travaux pratiques, en se concentrant sur les spécificités de l'innovation en permaculture. À la fin de la formation, nous leur fournissons une aide au démarrage sous forme de plantules pour la petite agriculture dans leurs propres parcelles de 10 mètres carrés".

Contrairement à la plupart des potagers qui séparent les cultures de manière nette et ordonnée, le jardin de permaculture de Bonelike a l'air un peu sauvage. Les plantes et les animaux travaillent ensemble comme une unité, plutôt que comme des systèmes de production séparés, tout comme ils le font dans les habitats naturels.

Dans le jardin de permaculture de Bonelike, on trouve des choux rouges et blancs, des piments, du poivre de Cayenne, des betteraves, des laitues, des tomates et des fraises, ainsi que des herbes comme la menthe et la coriandre, le persil, le basilic et la citronnelle. Elle utilise le fumier de ses vaches, chèvres et poulets, ainsi que le compost de tout déchet alimentaire, comme fertilisant pour le sol, améliorant ainsi sa qualité. Elle n'a donc plus besoin d'engrais chimiques, ce qui réduit ses coûts.

Pour maintenir la température du sol, prévenir l'érosion, réduire l'évaporation et obtenir plus de fertilité, Bonelike utilise la pratique du paillage, qui consiste à couvrir le sol de journaux biodégradables et de paille d'herbe. Il est important de noter que le paillage contribue de surcroît à la lutte contre les mauvaises herbes et à la conservation de l'eau.

Elle n'utilise aucun pesticide sur ses cultures. Grâce à un système de cultures intercalaires, elle cultive des herbes odorantes comme le persil, la coriandre et la menthe, qui constituent une première ligne de défense contre les nuisibles. Au lieu de pesticides, elle utilise des sprays à base de plantes, comme l'aloès, l'ail, le piment et la citronnelle, qui repoussent les parasites plutôt que de les tuer. Elle utilise également des cendres pour empêcher d'autres parasites persistants, comme les fourmis et les vers gris, de manger ses plantes.

Collaborant avec le département d'économie domestique du ministère de l'agriculture et le Conseil de l'alimentation et de la nutrition du ministère de la santé, le projet RFS renforce également les capacités des petits agriculteurs en matière de préparation et de conservation des aliments. Dans le cadrer de ce projet, Bonelike a appris comment transformer le piment de Cayenne qu'elle cultive dans son jardin en sauce piquante et les choux en achar qu'elle vend à d'autres familles de sa communauté.

En quelques années seulement, Bonelike est devenue une pro de la permaculture. Son succès a été remarqué - Bonelike a récemment été sélectionnée comme agricultrice principale par le projet RFS et est maintenant chargée de recruter et former cinq autres femmes aux techniques de permaculture. L'autonomisation et l'éducation des dirigeants locaux permettent d'établir des lignes de communication au sein de la communauté qui vont bien au-delà du partage des connaissances en permaculture. Les femmes de ces réseaux peuvent ensuite croiser des informations et des expériences liées à d'autres problèmes affectant la communauté, tels que la violence sexiste et l'alcoolisme.  En créant un espace pour une plus grande cohésion sociale entre les membres de la communauté, les femmes, comme Bonelike, sont capables de forger des relations solides entre elles qui permettent une réflexion innovante pour aborder collectivement ces problèmes.


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