Voyons en vert : Le bambou aide les communautés burundaises à remodeler leur paysage


Dans les trois provinces burundaises de Mwaro, Muramvya et Gitega, les membres des communautés s'efforcent d'investir ensemble dans une vision collective d'un paysage plus productif, durable et résilient. Pour de nombreuses communautés, cela consiste à tirer parti du potentiel inexploité du bambou.

Le succès de tout programme communautaire repose sur l'adhésion de gens qui vivent dans la localité. Il est indispensable qu'ils participent au recensement des enjeux et à la recherche de solutions pérennes. Les solutions durables qui répondent aux questions centrées sur l'homme ne sont possibles que si la communauté concernée soutient les projets de renforcement de la résilience et y prend part.

Personne ne connaît mieux la terre que ses propres habitants. L'équipe de RFS Burundi, menée par la FAO, l'a si bien compris que le projet privilégie les interventions de gestion durable des terres combinant les pratiques et solutions scientifiques avec les savoirs autochtones des membres de la communauté locale.  

Afin d'incorporer les savoirs locaux dans la gestion durable des terres, le projet fait appel à des approches participatives dans la conception, la mise en œuvre et le suivi des interventions. Dans les provinces de Gitega, Mwaro et Muramvya au Burundi, ce processus débute par une cartographie communautaire participative du paysage environnant.

La cartographie participative est un outil bien rodé aidant à capter et faire connaître les savoirs communautaires sur l'usage local des terres, les problèmes fonciers et la santé des ressources naturelles. Les communautés commencent par dresser une carte qui recense les délimitations foncières, les utilisations des terres, les types de végétation, ainsi que l'étendue de la dégradation des terres, comme la déforestation ou la perte de fertilité des sols. En soi, cet exercice constitue une précieuse occasion de partager des savoirs. Le fait de collaborer pour dessiner une carte collective du paysage sensibilise aux problèmes de dégradation des terres et pose les bases d'une planification collective.

Après s'être accordée sur l'état actuel du paysage, la communauté est invitée à penser à l'avenir. À quoi souhaite-t-elle que son paysage ressemble dans dix ans ? En cartographiant leur paysage idéal, les membres de la communauté commencent à se forger une vision collective de l'avenir, une condition préalable importante pour faire bouger la compréhension et les valeurs collectives, notamment concernant la maîtrise des ressources naturelle.

“D'une part, la cartographie participative permet aux communautés de faire une analyse critique de leur paysage, de dresser une liste des problèmes socio-économiques et écologiques dominants", déclara Salvator Ndabirorere, coordinateur du projet RFS, "et d'autre part, elle permet aux communautés d'identifier les solutions possibles pour un avenir meilleur pour les générations actuelles et futures".”


À GAUCHE: Les membres de la communauté sont invités à dessiner collectivement une carte de la colline de Masango, en indiquant les ressources naturelles, l'utilisation des terres et les zones de dégradée. À DROITE: Une fois d’accord sur l'état actuel du paysage, ils sont invités à dessiner leur vision de ce à quoi la colline de Masango pourrait ressembler en 2029.
À GAUCHE: Les membres de la communauté sont invités à dessiner collectivement une carte de la colline de Masango, en indiquant les ressources naturelles, l'utilisation des terres et les zones de dégradée. À DROITE: Une fois d’accord sur l'état actuel du paysage, ils sont invités à dessiner leur vision de ce à quoi la colline de Masango pourrait ressembler en 2029.

L'étape suivante ? Transformer cette vision en réalité. Par le biais de RFS, avec le soutien du Ministère Burundais de l'Environnement, de l'Agriculture et de l'Élevage, la FAO aide les communautés à atteindre leurs objectifs en matière de paysage.  Dans les zones où la déforestation et l'érosion des sols sont fréquentes, il s'agit de mettre en œuvre des approches anti-érosion, telles que l'agroforesterie et la plantation en courbes de niveau, pour stabiliser le paysage et restituer dans le sol des nutriments.

Pour les communautés vivant sur les rives des rivières Kayokwe, Mubarazi et Ruvyironza, la plantation de bambous s'est imposée comme l'une des approches les plus efficaces pour lutter contre l'érosion des sols et prévenir les glissements de terrain.


Le maître formateur de Champs Écoles des Paysans montre aux membres de la communauté la bonne technique pour planter du bamboo sur les berges de la rivière Kayokwe.
Le maître formateur de Champs Écoles des Paysans montre aux membres de la communauté la bonne technique pour planter du bamboo sur les berges de la rivière Kayokwe.

Le bambou est l'une des plantes à la croissance la plus rapide sur terre. Avec un système racinaire robuste qui réussit à retenir la terre végétale, le bambou offre une solution idéale pour stopper l'érosion. En plus de stabiliser les berges, le bambou améliore la qualité de l'eau en diminuant la pollution par les sédiments.

S'agissant d'une plante à haut rendement, le bambou améliore rapidement la faculté du paysage à atténuer le changement climatique - il absorbe les émissions de CO2 mieux que d'autres plantes et produit 35 % d'oxygène de plus que ses équivalents verts. De plus, il est utilisable comme biomasse renouvelable ou biocarburant, réduisant ainsi la pression sur les écosystèmes forestiers subsistants. 

Grâce aux Champs Écoles de Paysans, les communautés du Burundi apprennent des méthodes innovatrices pour cultiver le bambou en pépinière. En collaboration avec le Bureau Provincial de l'Environnement, de l'Agriculture et du Bétail, RFS a introduit la coupe de segments de chaumes pour produire des semis de bambou. Plus rentable et plus productive que les méthodes traditionnelles de reproduction des plantes à partir de graines, la coupe de segments de chaumes consiste à faire pousser le bambou à partir des tiges des plantes existantes. 


En adoptant la méthode de coupe des segments de chaumes, les pépinières communautaires ont augmenté rapidement la production de bambou, ce qui a permis de produire presque 50 000 nouvelles plantules dans trois provinces.
En adoptant la méthode de coupe des segments de chaumes, les pépinières communautaires ont augmenté rapidement la production de bambou, ce qui a permis de produire presque 50 000 nouvelles plantules dans trois provinces.

À ce jour, 49 063 plants de bambou ont poussé en pépinière puis plantés le long des berges. Ces plants protègent environ 150 km de terres dans trois provinces. Le long des berges de la rivière Kayokwe, sont réapparus certaines espèces de poissons qui avaient disparu.

Le magazine des Nations unies, Afrique Renouveau, qualifie le bambou de "nouvelle force économique" au potentiel énorme - non seulement pour contribuer à la reforestation, mais aussi pour créer des emplois et générer un revenu pour les membres de la communauté. Une fois récolté, le bambou a de nombreux usages commerciaux.

Dans la province de Gitega, les femmes de la communauté transforment déjà le bambou en produits artisanaux vendus sur les marchés locaux pour générer des revenus monétaires supplémentaires pour les ménages. "Le bambou joue un rôle économique considérable dans les communautés", a déclaré M. Ndabirorere. Les tiges de bambou sont utilisées pour construire des enclos, bâtir des maisons et des étables, fabriquer des ruches pour l'apiculture et décorer des maisons et des sites touristiques dans les zones urbaines.

Avec chaque bambou planté, le Burundi cultive son propre avenir.


Abonnez-vous à notre bulletin d'information

Abonnez-vous à notre bulletin d'information mensuel afin de recevoir des mises à jour sur les informations provenant directement du terrain dans le cadre de nos projets, événements à venir, nouvelles ressources, et bien plus.